En ce moment, il est difficile de ne pas avoir entendu parler de ce débat sur le prix unique du livre (à moins d’habiter en pleine forêt, et encore... j’habite en pleine forêt !).
Sérieusement, est-ce que le fait de proposer les mêmes réductions tarifaires favorisera la venue des clients dans les «petites» librairies plutôt qu'en grande surface ?
La
réponse est NON.
Les clients qui d’habitude n’entrent pas dans
une librairie n’y entreront pas plus car le livre... ils l’achèteront toujours
en grande surface.
Le prix du livre se verra augmenté à la base
afin de pouvoir offrir le rabais en question.
Les grandes chaines auront toujours un stock de
livres plus important et pourront donc mieux répondre à la demande des
clients.
Car, entendons nous bien, ce débat ne concerne que les
best-sellers.
Pour tous les autres
auteurs qui sortent des livres en quantités plus limitées, cela ne changera
ABSOLUMENT rien.
En ce qui me concerne par exemple, lors de la
sortie du second tome des aventures de « Philippine Drich », j’ai
fait un blitz dans une seule librairie.
J’avais amené plusieurs cartons et avec la
propriétaire nous avions monté à l’entrée une sorte de pyramide.
Et bien, il ne s'est jamais aussi bien vendu
que cette fois là.
Le client voit des dizaines
d’exemplaires et se dit «Tiens, cela doit
être intéressant car il y en a beaucoup ».Le client achète ce qu’on lui dit d’acheter.
C’est idiot, mais c’est comme ça. C’est
uniquement de la publicité. Cela n'a rien avoir avec les qualités de
l’ouvrage.
Est-ce que le fait d’être au même prix que le nouveau Stephen King ou
Amélie Nothomb va changer les choses pour moi ? Bien sûr que non !
Les personnes qui achètent dans les grandes
chaînes viennent prendre le livre à la mode, le livre du moment, c’est
tout.
Plusieurs personnes m’ont dit « je ne t’ai pas trouvé chez Renaud-Bray ou
chez Walmart. »Normal. Je suis dans le réseau des librairies indépendantes du Québec. C’est un choix. Pourquoi ?
Parce que j’ai du mal à concevoir que mes livres soient considérés comme des paquets de lessive.
Lorsqu’on écrit un livre, on n’y met du cœur, beaucoup de temps et énormément d’énergie. On écrit par goût, par besoin, avec amour.
Dernièrement, je faisais partie du conseil d’administration d’un organisme qui lutte contre l’analphabétisme.
Il faudrait se réveiller, non ?
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